TOGO; L'OPPOSITION FACE A UN CHOIX CORNELIEN

Faut-il déposer à la CENI les listes de candidatures et ainsi participer aux législatives mal organisées et pipées d’avance ? Faut-il recourir à la désobéissance et choisir la méthode extrême du boycott avec  des  conséquences désastreuses à court terme et surtout  en 2015 ? Les questions valent leur pesant d’or. Pour le CST et la coalition Arc-en-ciel, c’est un véritable casse-tête chinois.

Pour ces regroupements politiques, c’est une évidence que le choix est plus que cornélien. Aller aux élections dans ces conditions, c’est accepter que la cour constitutionnelle d’Aboudou Assouma et de son vice-président Salami ( celui-ci accepte des missions officielles de représentant de Faure Gnassingbé, un chef de parti politique alors que sa fonction lui impose une totale neutralité et indépendance) leur attribue des sièges selon sa fantaisie.

Aller aux élections dans les conditions actuelles, c’est  accepter de partir perdant a priori puisque le découpage électoral par exemple est tout à fait injuste et taillé sur mesure.

Aller aux élections dans les conditions actuelles, c’est accepter de subir la loi d’une commission électorale complaisamment composée à dessein.

En un mot, des élections dans les conditions actuelles sont un goulot d’étranglement pour kes forces d’opposition car même dans la perspective où ilspeuvent compter sur la soif de changement des électeurs, les institutions chargées de piloter le processus ne sont nullement crédibles et ne peuvent pas garantir une compétition à chances équitables.

Ces éléments d’appréciation inclinent à conclure de façon tranchée que le CST ou le FRAC et la coalition Arc-en-ciel ne doivent pas déposer de listes à l’échéance du dimanche nuit. Mais alors, il y a l’histoire qui enseigne et qui force à réfléchir autrement.

Comme Faure Gnassingbé a renoncé à ses efforts de début de présidence en vue d’engager résolument le pays sur la voie de la modernité, le Togo est revenu à l’époque de Gnassingbé Eyadèma. C’est ainsi que la situation actuelle ressemble fort bien à celle de 2002 : feu Eyadèma avait contraint, par son refus obstiné de faire les réformes nécessaires à une compétition électorale saine et équitable, l’opposition au boycott des législatives de cette année. Conséquence : l’assemblée nationale fut un conseil de famille où l’on se présente en dilettante pour causer et boire. Feu Eyadèma en a profité pour « toiletter » la constitution et fouler aux pieds sa promesse de ne pas être candidat en 2003.

Question logique : faut-il boycotter les législatives au risque de donner à Faure Gnassingbé qui ne pense nullement à se retirer du pouvoir, l’occasion de verrouiller davantage le jeu politique ? La question est grande.

Je sais à peu près ce que peut être la position de chacun des regroupements. Cela va être difficile pour eux de concilier les positions visiblement tranchées. S’ils le réussissent, cela va être un exploit inédit.

Dans tous les cas, il y a des solutions de continuité : déposer les listes tout en passant à une vitesse de croisière dans la mobilisation et la contestation du cadre légal ou simplement faire le deuil des revendications justes et légitimes et s’engager farouchement dans la campagne électorale. Pour quels résultats ? On revient aux questions originelles.

Dur de faire la politique au Togo.